Jeudi 17 juin 2010 à 12:06
Samedi matin de bon matin : midi - on n'avait pas dit 10h ?! Naann xD - je reprends le chemin de l'école avec Maud, 2h de retard et 13 ans plus tard... Les trottoirs ont l'air plus étroits, la montée du parc de Sceaux moins interminable. Le temps a emporté avec lui ma robe de Laura Ingalls avec le tablier et ses collants rouges (quoi, heureusement ?!) et de ce rebord devant lequel nous passons ne me reste qu'une cicatrice pâlichone sur le genou du jour où bravant les recommandations de ma mère, j'avais joué une fois de plus au chimpanzé le long de la grille, de l'époque où la grille était un peu trop haute mais que "même pas peur".
La kermesse n'a pas lieu dans notre école mais dans le collège attenant deux rues plus loin. C'est dommage, quand pourrons-nous franchir de nouveau ce portail bleu qui sera toujours vert foncé dans nos petites têtes de linottes. Je l'avoue je panique un peu, parfois les souvenirs sont faits pour rester des souvenirs et ça vaut mieux...
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Entre le chamboule-tout et le stand de pêche à la ligne, elle sont juste là et j'avance à reculons un peu comme si je m'aprêtais à demander un autographe à... Michaël Jackson xD. En fait d'ailleurs, si Maud n'avait pas reconnu Sandrine, je serais passée devant le stand sans même y prendre garde mais Sandrine nous aperçoit et se retourne d'un bond en agrippant à la hâte le bras d'une jeune femme brune à ses côtés ; mon sang ne fait qu'un tour, c'est Emmanuelle. Mais oui bien sûr, elle était belle comme ça ma maîtresse, elle était TROP BELLE. C'est ce regard noisette profond bourré de tendresse et de bienveillance qui me replonge d'un coup dans notre petite classe de CE2, la seule qui donnait sur la cour. "Regaaarde c'est [...] - Mais oui, c'est Maud et Roma !!". Cet élan de plaisir sincère et spontané vaudra toutes les ovations du monde entier qu'on pourra me faire un jour si je deviens une superstar mondiale ^^^^. C'est voir qu'on n'a pas été deux parmi tant d'autres comme elles ont été ces deux-là, inégalables et inoubliables. "Vous voyez, nous non plus on n'a pas changé, on est toujours copines !". Cette répartie Sandrine, c'est tellement toi. Tes cours de rollers me sont restés dans les veines, à tes beaux yeux bleus seulement nous étions "les inséparables", c'est notre secret à toutes les trois et quand papa ne venait plus me chercher que le samedi midi sous le préau, tu veillais sur moi, tu restais jusqu'au bout.
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On bavarde longtemps, on a trop de choses à se dire et pas assez pour éviter les blancs de gêne et de nostalgie. Comme Alice qui boit la potion qui fait rétrécir, je flotte dans mes Converses, je perds 13 ans d'un coup et je me surprends à détailler Emmanuelle en cachette, des pieds à la tête, comme je le faisais autrefois, timidement assise derrière mon petit bureau : elle est trop belle ma maîtresse. Je la détaille parce que cette fois-ci je veux qu'elle reste dans ma tête, autrement que figée sur cette photo de classe. Mais je sais bien à présent qu'elle n'a jamais vraiment quitté ma tête et mon coeur et Sandrine non plus d'ailleurs, je l'ai su à la minute même où elles se sont retournées sur nous et sur notre passé. C'est donc vrai que les gens qu'on aime mais qui ne sont plus là, sommeillent quelque part en nous mais ne meurent jamais vraiment.
A 13h on s'en va, parce que même si nous resterons toujours leurs petites élèves, ce n'est pas notre kermesse et dans cette école au moins, on ne m'appellera jamais "maîtresse". Ca sent les frites et la Barbe à papa et ça passe du Toto ; Africa : "It's gonna take a lot to drag me away from you", oh lala...
Cette article est un peu long mais moi, je pense que le premier vrai coup de foudre d'une petite fille, c'est celui qu'elle porte à sa maîtresse ♥
Après 
