Partir c'est recréer ailleurs un peu de chez soi mais il y a des chez soi comme ceux-là qui ne se refont pas. L'ambiance étoilée de ma chambrette bleue, l'odeur de ma maison dans le Var, la mezzanine du théâtre... la poussière de l'Espace cirque.

Et puis parfois aussi, ce n'est plus un lieu : c'est juste un état d'esprit. Être tour à tour surpris, enchanté, ému, mort de rire. "Horse... you can not sleep here, can you ? Horse ? Take your madam and go away ! Horse... HORSE ??? I exiiiist !!! Up ! Up ! Ok... One leg... Goood horse...".

Là-bas, je suis Alice au pays des merveilles - version Tim Burton, (en brune et en nettement moins niaise, cela va de soi xD)  La reine de coeur danse le tango avec un violoncelle, le chapelier fou enfile de jolies ballerines rouges, le cheval est aussi espiègle que le chat quand il s'endort au milieu du chemin, la maîtresse d'école a des airs d'Hélèna Bonham Carter au naturel avec son manteau bleu velours et c'est elle qui joue aux cartes. Je redeviens toute petite et le temps me file entre les doigts. "There is a butterfly in the garden. The butterfly comes on my nose. He looks at me with BIG eyes." Quand je sors du chapiteau je suis encore un peu sonnée de m'être endormie au pied d'un arbre, avec un livre sur les genoux, dont je ne peux raconter l'histoire car personne ne me croirait... et puis je retrouve mon chat (ok la chute de cette belle métaphore est catastrophique je m'en excuse).

Tout ça pour dire qu'il n'y a pas de chapiteaux dans Kensington gardens, que j'aurais raté le mariage de William et Kate à peu de choses près mais qu'il y a des moments comme ça qui ont quelque chose de magique et pour lesquels, ça valait quand même le coup de revenir.