"Elles sont belles nos profs n'empêche" me dit Raphaëlle. Vendredi 1er juillet, je découvre mon école, on me fait visiter ma classe. On faisait comme-ci et comme-ça mais de toute façon, je ferai comme je voudrai parce que dorénavant c'est MA classe. Des 60 M2 que nous étions, laquelle d'entre nous n'a pas rêvé de ce moment-là ? C'est vraiment bête que je n'aie pas le cœur à faire la fête, que l'excitation de l'instant longuement convoité laisse place à de l'indifférence, que la vue du tableau, du bureau, des 28 petits porte-manteaux soit juste bonne à me flanquer les larmes au bord des yeux.
Introduite presque malgré moi en pleine réunion pédagogique, c'est comme dans ma classe, j'ai l'air... minuscule. Je cherche une de leur présence, la main de Nathalie sur mon épaule peut-être comme il y a tout juste 1h dans la cour du CFP. Tour de table, on m'envoie un paquet de noms dans la figure, un paquet de sourires aussi. Moi je fais l'effort de sourire mais pas celui de retenir les noms, ni les nouveaux visages parce que dans ma tête ils sont encore trop présents et je ne veux pas qu'on les remplace : Laurence, Pascale, Nathalie, Hélène, Didier, Florence et les autres...
Les pots d'adieux c'est cruel... (surtout quand on doit partir avant la fin !). Mais le plus cruel de tout c'est la chaleur et la gentillesse de l'accueil qu'on me réserve dans ma nouvelle école que je régurgite en silence. On est tellement con quand les gens se montrent gentils avec nous et qu'on n'est simplement pas disposé à recevoir leur gentillesse, pas prêt.
Laurence, Pascale, Nathalie, Hélène... C'est un mélange de ces femmes que je voudrais être. Belles, à l'intérieur aussi. Prendre un peu d'assurance, d'optimisme et d'élégance. Est-ce qu'on fait pas les choses un peu par imitation de ceux qu'on admire ? Pour que les gens qu'on aime soient fiers de nous ? Dans le fond, ne vais-je pas devenir PE parce que je ne sais pas quoi faire d'autre, parce qu'elles le font si bien et parce que j'aime quand même un peu ça ?
C'est ouf à quel point on n'est jamais content de ce qu'on a. Ou plutôt, ouf à quel point JE ne suis jamais contente de ce que j'ai... à quel point je m'auto-saoule parfois ! De faire la gueule quand tout le monde se réjouit de tout autour de moi – voire même, envie ma situation (sérieusement, je dois être à baffer sometimes !) – de voir toujours d'une situation ce que j'en perds davantage que ce que j'y gagne. En fait, c'est surtout ouf ce mal que j'ai à simplement... tourner la page, à montrer au monde que j'ai du cran et du courage.
Voilà pourquoi en ce jour sensé être hautement fantastique,
j'ai fait la gueule toute la soirée.
Moi aussi j'ai toujours eu du mal à tourner la page... Surtout une si grande page de 2 années, pleine de souvenirs avec toi coupine !...